Archive for juillet, 2020

Pas de comète à l’horizon

L’autre soir je me suis levé en pleine nuit et je suis parti en voiture pour essayer d’apercevoir la comète Néowise?
j’ai pris la voiture pour m’éloigner de la pollution lumineuse de la ville mais, hèlas, je ne suis pas allé assez loin et je n’ai pas vu la comète.
« Plein Nord ! », m’avait-on dit « Juste sous la Grande ourse ».
Mais au nord un nuage d’altitude voilait la quasi totalité de la constellation.
Tout au plus ais je pu deviner les trois étoiles formant la « queue » de la casserole.
Le nuage d’altitude était fort élégant et bien éclairé par la pollution lumineuse de Toulouse.

Petit lot de consolation j’ai pu assister au lever de Jupiter.
Je dois dire que j’ai mis un petit moment avant de réaliser ce que je voyais : l’objet qui se levait sur l’horizon m’a paru tellement énorme que j’ai eu du mal à le rattacher à quelque chose de connu.
Sa lumière était si vive qu’elle projetait des ombres sur le sol.

A ce moment, seul dans une campagne déserte et obscure, je crois avoir ressenti devant ce phénomène céleste un peu de la terreur sacrée qui a dû animer mes ancêtres, ceux d’avant la pollution lumineuse.

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Autopsie

Une naine blanche est ce qui reste de l’explosion d’une ètoile à peu prés de la taille de notre soleil (notre soleil à la fin de sa vie terminera sous forme de naine blanche) soit un corps céleste d’environ la moitié de la masse du soleil pour une taille analogue à celle de la terre.

En étudiant la composition de six d’entre elles un groupe d’astronome a publié en octobre dernier qu’ils avaient décelé dans leur atmosphère des substances oxydées en quantités supérieures à ce qui peut se produire dans le cœur d’une étoile.
« Etudier la composition d’une naine blanche, avance l’un des auteurs de l’article, c’est un peu comme pratiquer l’autopsie du contenu de ce qu’elle a englouti dans son système solaire. »
En l’occurrence en mesurant l’oxydation (la « fugacité » de l’oxygène) dans l’atmosphère de ces naines blanches il ont trouvé un niveau d’oxydation qui ne pouvait provenir que de restes de planètes telluriques semblables à celles qui gravitent autour de notre soleil.
C’est une chose à laquelle on pouvait s’attendre : une étoile ressemblant à notre soleil (un peu plus ou un peu moins massive) devrait être entourée de planètes ressemblant à celles qui entourent notre soleil.
Mais, évidemment il fallait le prouver.
Sur ces planètes entourant jadis une étoile aujourd’hui « morte » la vie s’était peut-être développée et sur celles qui entourent en ce moment des analogues de notre soleil, la vie foisonne peut-être.
L’ennui c’est qu’avec les moyens dont nous disposons, trouver une planète semblable à la terre autour d’une naine orange comme notre soleil est quasi impossible.
Dommage…
Il ne me reste pas énormément de temps à vivre et j’aimerais bien ne pas mourir avant la découverte de la vie extraterrestre.
Je pense à une vie comme celle de notre planète, bien sûr, les bactéries, pour sensationnelle que sera leur découverte ne m’intéressent pas tellement.

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Le Temple

Ma note précédente m’a fait souvenir de l’origine du mot « Temple » et de ce qu’il signifie.
Le mot vient du latin templum qui a la connotation d’un endroit délimité.
En fait, à l’origine, le templum est le rectangle imaginaire que les augures ( ceux dont Cicéron disait que deux d’entre eux ne pouvaient se rencontrer sans rire) traçaient dans le ciel du bout de leur bâton pour délimiter l’espace où ils allaient observer le vol des oiseaux.
Si les oiseaux venaient de la droite les présages étaient favorables et néfastes si les oiseaux venaient de la gauche.
Oui, Cicéron…
Le mot est donc une sorte de métaphore pour désigner l’espace, lui aussi soigneusement délimité, où était édifié un édifice servant au culte, puis, par extension, à l’endroit où était censé résider une divinité.
Notons que le mot est d’origine païenne mais les chrétiens l’ont emprunté aux romains avec tout le reste (les mœurs et la philosophie stoïcienne).
Un peu comme le mot « église » qui désignait, à l’origine, la communauté des chrétiens a fini par désigner un bâtiment où Dieu, selon le dogme catholique, est censé être présent en permanence.

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Sainte Sophie

J’ai appris que le président Erdogan avait rendu au culte musulman la célèbre basilique Sainte Sophie qui avait été transformée en musée par Ataturk en 1934.
Le Pape François a fait part de son émotion et de ses regrets.
Bon, si le Pape donne son avis, je ne vois pas pourquoi je ne donnerais pas le mien.
On ne voit pas très bien de quoi se mêle le Pape, la basilique n’a été une église latine qu’entre 1204 (où elle fut pillée par les croisés) et 1261.
Le reste du temps elle fut une église orthodoxe ou une mosquée.
L’évènement concerne surtout les turcs : Erdogan est en baisse dans les sondages, les derniers bénéfices secondaires du putsh manqué sont en train de se terminer et il espère rattraper des voix en rendant la basilique a l’état de mosquée, détruisant ainsi l’œuvre d’Ataturk.
Je ne suis pas certain que ce soit ce qui préoccupe principalement les turcs.
Personnellement je ne vois aucun inconvénient à ce que la basilique soit de nouveau une mosquée, l’important étant que le bâtiment soit correctement entretenu.
Si je devais un jour la visiter je n’aurais aucun problème à me déchausser avant d’entrer.
Je m’imagine dèja marchant pieds nus sous le vaste dôme et pensant à tous les siècles écoulés depuis sa construction.
La basilique n’est pas dédiée à une sainte prénommée Sophie mais à la Sophia divine, la Sainte Sagesse de Dieu.
Bien sûr, ça n’existe pas mais il m’arrive, parfois, de le regretter bien que je me méfie aussi de la Sagesse.
L’important est que soit maintenu le bâtiment comme l’image d’une idée qui a eu de la grandeur.

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Le Toro de fuego


Les fuchsias de Richard n’auraient pas dû fleurir si tôt dans la saison.
L’hiver toute la partie aérienne gelait et, le temps de repousser, les fleurs n’apparaissaient pas avant la fin du mois d’août.
Mes ces deux dernières années il n’a pas gelé ou très faiblement et j’ai maintenant un buisson presque aussi beau que ceux que l’on peut voir sur la côte atlantique.
Ces fuchsias m’ont rappelé les vacances que je passais à Hendaye quand j’étais gamin au camp du comité d’entreprise se l’usine Alsthom ( Ma mère travaillait à l’usine).
Vers la fin de la saison il y avait toujours un bal sur la place centrale d’Hendaye. Un bal avec « toro de fuego ».
On y jouait beaucoup de pasodobles (c’était facile à danser) des chansons comme « si vas a Calatayud » ou « el gato montes », ce genre de choses..
C’était alors une musique populaire au dernier degré.

Le « toro de fuego » c’est un châssis en bois en forme de taureau, peint en noir, assez léger pour pouvoir être porté par un seul homme.
Tout au long de son dos sont fixés des pièces de feu d’artifice.
Un peu avant la fin du bal, on allume les pièces d’artifice et le toro, flamboyant d’étincelles, fonce dans la foule !
Les filles poussent des hurlements de terreur et se jettent dans les bras de leurs cavaliers ( ce qui m’a toujours paru être le but caché de la manœuvre).
Le toro parcourt la piste de danse tant que durent les feux d’artifice et puis le bal reprend, en général avec un slow pour que l’assistance puisse se remettre de ses émotions.
je ne sais pas si, avec tous les principes de précautions qui trainent, ce genre de divertissement est encore pratiqué.
Je précise que je n’avais jamais de cavalière et que personne ne s’est jamais jeté dans mes bras.
Il n’empêche, je me suis souvenu du « toro de fuego » avec une certaine nostalgie.

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Acanthes

La floraison des acanthes pousse d’élégantes colonnes de fleurs blanches et violettes adorées des grosses abeilles maçonnes noires qui peuvent confortablement s’y introduire pour en butiner le nectar.
Aux fleurs succèdent de grosses graines vertes.
C’est le moment d’en couper les épaisses tiges et de les mettre dans le sac utilisé pour le ramassage des déchet verts.
Si on les oublie et qu’on laisse les graines venir à maturité, les tiges sèchent et un petit mécanisme sournois se déclenche, balançant les graines un peu partout dans le jardin.
Une fois que les graines ont germé les déloger devient épuisant car elles font d’énormes racines charnues qu’il faut ôter à la fourche bêche jusqu’à la dernière radicelle sous peine de les voir ressurgir inlassablement.
Mais ce n’est pas leur bel aspect qui me fait aimer les acanthes, c’est un souvenir d’école, celui du premier tercet d’un sonnet tiré des « Trophées » de José Maria de Heredia, appris en récitation :

-La terre maternelle et douce aux anciens Dieux
-Fait, à chaque printemps, vainement éloquente
-Au chapiteau brisé verdir une autre acanthe.

Il faut croire que, déja tout petit, j’avais une disposition à la mélancolie

Le poème fait allusion à la « feuille d’acanthe » un motif décoratif ornant les chapiteaux grecs de style corinthien.
José Maria de Heredia est un poète « parnassien », un genre passé de mode avec ses alexandrins, ses sonnets et ses rimes à la fin de chaque vers.
Pourtant ce style de poésie « de genre » me plait bien, c’est l’habitude des vieux de se retourner sur le passé; Les jeunes générations auront leurs propes nostalgies auxquelles je ne comprendrais rien.
C’est dans la Nature des choses.

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