Archive for mai, 2018

La Course aux orchidées

Cette année semble être particulièrement riche en floraisons, sans doute pour compenser le fait que la précédente n’était pas terrible.
En passant en voiture le long de friches plus ou moins anciennes j’ai remarqué qu’il y fleurissait beaucoup d’orchidées.
J’ai donc pris mon courage dans une main et une ferme décision dans l’autre et je suis retourné sur la voie romaine de Massac prés de Lavaur où j’ai vécu quelques années.
C’est un endroit où j’avais l’habitude d’aller, à la saison (maintenant), photographier des orchidées.
La voie romaine suit la crête des collines sur plusieurs kilomètres et j’ai perdu l’habitude de marcher.
Le chemin n’a donc pas été facile mais je ne me suis pas déplacé pour rien.La première photo montre une serapias à long labelle (serapias vomeracea), j’aurais tout aussi bien pu ne pas me déplacer pour celle-ci car il y en a beaucoup prés de l’endroit où j’habite, beaucoup plus que d’habitude. Tout comme celle de la seconde photo : l’orchis pyramidal (anacamptis pyramidalis), elle décore les bords de l’autoroute d’Albi comme pour fêter la Pentecôte dont elle porte aussi le nom. Il y en a vraiment partout en ce moment.
Il faut dire que c’est aussi la plus visible, les autres sont plus discrètes.
C’est le cas de celle montrée sur la troisième photo.
Enfin, celle que j’ai photographiée était petite, habituellement elles peuvent monter à plus d’un mètre de haut.
C’est l’orchis bouc (himantoglossum hircinum) ainsi nommée à cause de l’odeur qu’elle dégage, mais il faut vraiment mettre le nez dessus pour la sentir.
Les orchis bouc sont les dernières à fleurir en ce moment elles sont vraiment au tout début de leur floraison
Elles aussi sont très communes, j’en ai même vu jaillir dans un terrain vague en plein milieu de la ville de Toulouse.
Evidemment le terrain vague a disparu et les orchis aussi.
Il faut dire qu’elles détestent la civilisation, les labours, les pesticides et même les engrais chimiques ; Ce sont des sauvages qui se réfugient sur les bords de routes et les endroits délaissés par l’agriculture.

Au fur et à mesure que j’avance je trouve des espèces moins communes.
Voici, sur la quatrième photo l’orchis homme pendu (aceras anthropophorum) ainsi nommée parce que ces sépales rassemblés en coque et son labelle dentelé donnent l’image d’un petit homme.
Cette espèce-là, par contre est en fin de floraison, les spécimens que je rencontre sont en retard car ils poussent dans des endroits ombragés ce qui fait que les fleurs sont plus pâles que celles qu’on voit en avril dans les endroits ensoleillés.
Mais ce n’est pas pour autant que je vais refuser de l’honorer d’une photo.
Plus loin, là où la terre montre ses os de roches calcaires voici que je trouve les premières ophrys.
Les petites malignes ont un labelle qui ressemble au corps d’une hyménoptère, abeille ou bourdon, les mâles de l’espèce, trompés par cette ressemblance s’en viennent copuler avec ce simulacre ; Ce faisant ils se collent les pollinies sur le front qu’ils s’en vont déposer sur la fleur suivante.
C’est ainsi que les orchidées font l’amour.
Celle qui figure sur la cinquième photo est une ophrys araignée (ophrys sphegodes) c’est elle aussi une retardataire, les ophrys araignée sont les premières à fleurir en Avril.
Bon, elle n’a rien de spectaculaire avec ses pétales et ses sépales verts mais elle m’annonce que je suis bien arrivé sur le terrain des ophrys.
Et justement voici que je trouve tout un groupe d’ophrys bécasse (ophrys scolopax).
Bon, je ne suis pas trop sûr de mon identification, les ophrys ont tendance à se mélanger et à produire tout un tas d’hybrides qui rendent leur classification très floue.
Sans compter que leurs formes changent selon la latitude ; Espèces et sous-espèces se succèdent sans interruption du nord au sud de l’Europe.
Bon, on va dire que la sixième photo montre une ophrys bécasse et si quelqu’un n’est pas d’accord qu’il le dise.
Cela fait plusieurs heures que je marche et je commence a être crevé. Je décide de rebrousser chemin.
Je suis crevé et en plus ça monte !
Bon, quelques instant de repos ne peuvent pas me faire de mal. Je me laisse tomber sur le bord du chemin et là…
Stupéfaction ! Juste devant moi un petit groupe d’une orchidée que je n’avais pas revue depuis au moins vingt ans !
Si discrète que si je ne m’étais pas arrêté je serais passé sans la voir : c’est la petite serapias langue d’oiseau (serapias lingua) de la photo numéro sept.
La dernière fois que je l’avais vue elle poussait sur un terrain plutôt marécageux et je n’aurais jamais imaginé la trouver sur ces pelouses sèches.
J’étais ravi que mes efforts m’aient amené à un aussi beau résultat mais mon chemin n’était pas encore fini.

Quelques centaines de pas plus loin, alors que la sueur me coulait dans les yeux, je l’ai enfin aperçue celle qui n’avait fait faire quarante kilomètres en voiture dans le secret espoir de la trouver.
L’ophrys abeille (ophrys apifera) la merveille des ophrys du pays, la plus belle sinon la plus rare.
Mon ophrys préférée entre toutes, le couronnement de cette épuisante balade.
Je suis reparti le pas lourd mais le coeur léger.
Je n’ignorais pas que, le lendemain, j’aurai mal à des muscles dont j’avais oublié l’existence, mais ça valait le coup ; Je me retrouvais jeune à nouveau – au moins en esprit – quand je crapahutais tout les mois d’Avril et Mai à la poursuite des orchidées sauvages.

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Rétention

Il est des mots, comme ça, qu’on entend tous les jours dans les médias, sans se demander vraiment quels sont les objets qu’ils désignent.
Et si l’on finit par se poser la question on découvre des réalités peu agréables.
Aujourd’hui je me suis demandé ce qu’était exactement qu’un « Centre de Rétention » pour migrants en voie d’expulsion et je me suis rendu compte qu’il s’agissait tout bonnement d’un camp de concentration.
Ce n’est pas Buchenvald ?
D’accord, mais l’esprit est le même.
Nous avons un problème avec les camps de concentration : C’est que tous ceux qui y sont passé sont morts ou hors circuit.
Pourtant, l’expérience réelle de ce qu’étaient ces camps a été bien utile.
C’est en revenant des camps que certains psychiatres ( on disait alors « aliénistes ») se sont rendu compte que ce qui se passait dans les asiles n’était pas très différent de ce qui se passait « là bas » et qu’ils ont décidé de faire changer les choses.
C’est un exemple…
Aujourd’hui ces gens là ne sont plus aux affaires et l’on peut, maintenant, entendre de jeunes gens et de jeunes dames, bien propres sur eux, venir, au nom du gouvernement, parler sans blêmir, dans les médias, de « Centres de rétention ».
C’est normal : Ils ne savent pas.
Par contre ceux, plus âgés, qui leur ont fourni leurs « éléments de langage » sont, eux, parfaitement au courant.

Pour cette note une photo de muflier dit aussi « gueule de loup »

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Extase


C’est une pivoine simple.
Tout le monde, les plantes comme les animaux, aime le soleil.
Après plus d’une semaine de pluie le soleil est revenu, cette pivoine écarte ses pétales au maximum comme pour profiter le plus possible de sa chaleur bienfaisante.
En fait, elle semble véritablement en extase sous la chaleur de ses rayons.
J’imagine quel serait son état mental si elle en avait un et j’aimerais bien être à sa place.
Ce n’est que quand le soleil est passé derrière la maison et que la pivoine se retrouve à l’ombre qu’elle accepte de replier ses pétales comme pour conserver encore un peu le souvenir de cette merveilleuse expérience.
Les fleurs pourraient-elles éprouver du plaisir ?

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… avec des mots.

Un jour j’ai été pris dans une discussion avec un médecin, très remonté contre la psychanalyse, qui affirmait qu’on ne pouvait pas « guérir avec des mots » (il prononçait le terme « mots » avec un mépris palpable).
Bien que n’étant pas médecin, je me suis permis de le contredire formellement en lui disant que c’était possible puisque ça m’était arrivé à moi.
Un jour, dans le stock de mon magasin j’essayais de déplacer un téléviseur Sony en faisant glisser le carton d’emballage sur le sol.
C’était avant les téléviseurs a écran plat et les téléviseurs cathodiques de cette marque pesaient un âne mort.
J’ai réussi à faire glisser le carton sur le sol (j’étais costaud) mais je me suis froissé un muscle ou un autre tissus à l’aine, du côté gauche.
la douleur à l’aine a persisté quelques jours puis s’est déplacé sur le côté interne de mon genou.
Cela a duré plus d’une semaine, la douleur était vive et me faisait boiter.
Or, un dimanche, alors que je participais à un vide-grenier ( je crois me souvenir que c’était à Saint Felix du Lauragais) avec le Yef qui vendait des pâtisseries arabes, ce dernier, me voyant boitiller tristement a dit :
« Mon kiné m’a dit que le genou c’était entre le « je » et le « nous ».
Ça a fait « dzingg !! » dans ma tête.
Au cours de la journée la douleur s’est atténuée et le soir elle avait disparu pour ne plus jamais revenir.
Et voilà comment le Yef m’a guéri.
Au récit de cette histoire le médecin a haussé les épaules (il est vrai que je n’étais pas médecin).
Et pourtant on peut bien guérir quelqu’un en prononçant une parole.
La difficulté est de la trouver vu qu’elle est différente pour chacun, dépendant de sa propre organisation mentale.
C’est pourquoi, quand la rencontre se produit, elle est presque toujours due au hasard.

PS la photo montre les graines d’une épervière, une fleur qui ressemble à un pissenlit mais plus élégante et d’un jaune plus acide.

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Deux iris

En jardinage, il faut savoir être patient, mais là j’avais presque perdu tout espoir de voir ces iris enfin fleurir.
Celui de la première photo est un iris de Sibérie (iris sibirica), je savais qu’il mettait un peu de temps à s’installer mais celui-ci a attendu cinq ans.
Ca a été une bonne surprise de voir enfin ses fleurs.
Ce sont des fleurs délicates de petite taille mais qui, au fil du temps peuvent former de jolies touffes a condition que le sol reste humide.
J’ai mis celui-ci à côté d’un iris d’eau dont les fleurs jaunes forment un agréable contraste, les deux couleurs étant complémentaires.
Le second iris est un iris de louisiane (iris louisiana) et s’il ne fleurissait pas c’était bien de ma faute ; Je l’avais planté prés de rosiers mais dans un terrain trop sec, je n’avais pas compris que c’était aussi un iris d’eau.
Il m’a fallu plusieurs années pour me rendre compte de mon erreur
Cette l’automne dernier j’ai enfoui des bacs en plastique pour lui aménager un terrain humide et il a immédiatement fleuri.
Enfin « immédiatement » je veux dire dès le printemps suivant et sa couleur est somptueuse.
Voilà, pour acclimater un étranger dans le jardin il faut avoir soin de faire sa connaissance et lui aménager un environnement favorable.
Hum…je me demande si je ne radote pas un peu là.

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Patience

Déplacement à Blagnac ce matin, Sylvère a un rendez-vous avec une société de restauration.
Le rendez-vous est à 9 h, nous partons a 8 h pour nous trouver pris dans les embouteillages presque à la sortie du parking et ce jusqu’à Blagnac. Une heure pour faire le trajet.
Je trouve un emplacement pour garer la voiture. En plein centre c’est une chance.
Sylvère part à son entretiens et moi, comme d’habitude, je vais l’attendre dans un café.
Je ne connais pas du tout Blagnac, mais c’est le centre ville et j’en trouve un facilement.
Je commande mon café et je m’installe sur la terrasse avec le dernier « Vernon Subbutex » de Virginie Despentes qui vient de sortir en poche.
Le livre est d’une lecture agréable mais, de temps en temps je lève les yeux pour regarder autour de moi.
Une bande de moineaux volette sur la terrasse.
On dirait que ce sont des habitués de l’établissement.
Je sors de ma poche un petit sachet contenant un gâteau sec, de ceux que certains établissement donnent avec le café.
Je ne les mange pas mais je les garde pour ce genre d’occasion.
J’émiette le gâteau dans ma main et j’envoie le tout aux moineaux.
Gros succès !
Chacun prend un morceau et s’en va le picorer à l’écart pour ne pas se le faire voler.
L’univers des moineaux est plus impitoyable que Dallas.
Puis sont successivement passés deux chats avec cet air qu’ont tous les chats d’être propriétaires de l’endroit où ils se trouvent.
Et enfin, le dernier mais non le moindre, un beau mec, grand, épaules larges avec des poils blancs dans la barbe.
Il m’a jeté un regard totalement indifférent.
Je me suis levé pour changer le disque bleu de ma voiture et me suis dirigé vers la mairie.
Les jardiniers municipaux fleurissaient le pied des arbres de la place, j’en ai profité pour jeter un coup d’objectif ou deux sur les fleurs nouvellement installées.
Sylvère est arrivé en râlant que je ne répondais pas à ses appels téléphoniques.
Vérification faite, ma batterie était déchargée.
Il a quand même continué à râler

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L’Important…

J’aurais voulu parler des roses mais il tombe une pluie interminable sur le jardin.
Sur le jardin et sur la vie.
Sylvère est triste.
Il a obtenu plusieurs entretiens en vue d’un boulot.
Chaque fois, les employeurs potentiels reconnaissent la valeur de ses compétences et de son CV mais, chaque fois, sa candidature est rejetée.
Alors il pleure.
Il a le sentiment de ne plus rien valoir, que personne ne veux de lui.
Je connais ce genre de sentiments : j’avais les mêmes quand j’étais au chômage.
ca lui passera quand il aura trouvé un travail mais, en attendant, c’est dur.
D’ailleurs je me demande si son CV ne joue pas contre lui.
Un peu comme la fille de Lili dont les compétences et le talent rebutaient les metteurs en scène qui préféraient embaucher de petites choses éperdues d’admiration pour eux.
Ses compétences doivent faire peur à des patrons qui répugnent à embaucher quelqu’un de plus compétent qu’eux.

Autre chose : Il pleut aussi sur les chaines d’information.
Je viens d’apprendre que J.Cahusac venait de prendre quatre ans de prison dont deux avec sursis.
Pour lui éviter la prison son avocat a plaidé qu’il était un homme socialement mort et qu’il ne pouvait aller dans un restaurant sans que quelqu’un ne vienne l’insulter ou même lui cracher dessus.
Dans ces conditions il me semble que ce serait aussi bien de l’envoyer en prison.
Il pourrait y entrer, comme Bernard Madoff, sous les acclamations des autres détenus et s’y faire de nouveaux amis.

Autre cause de larmes prés de soixante palestiniens dont des femmes et des enfants en bas âge tués par l’armée israélienne alors qu’ils protestaient contre l’installation de l’ambassade américaine à Jérusalem.
J’ai vu à la télé un officier israélien expliquer que le Hamas instrumentalisait les gazaouis et envoyait des femmes et des enfants manifester prés de la clôture israélienne (ce qui est probablement vrai) et l’on comprenait que les pauvres soldats israélien n’avaient alors plus d’autre solution que de les tuer.
Mazel tov !

Bon, mais il ne faut pas se laisser abattre, après tout l’important c’est la rose.

N’est-ce pas ?

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Le joli Mai


« Ancolie » ça rime avec « Mélancolie ». c’est sans doute pour cela que jadis elle en fut le symbole.
Bien que les deux mots n’aient rien a voir.
Mais c’est bien en Mai que fleurit l’ancolie.
Dimanche soir j’ai regardé à la télé « Le joli Mai » de Chris Marker et Pierre Lhomme, que je n’avais jamais vu.
Un reportage sur Paris en 1962.
1962 !
J’avais dix-huit ans depuis pas longtemps et je me rappelle que j’étais content que la guerre soit terminée en Algérie ce qui m’évitait d’aller y faire mon service militaire.
Et je ne me rappelle pas grand chose d’autre. Je me suis vraiment gratté la tête pour essayer d’en tirer un bon souvenir mais en vain.
Mon père allait mourir à la fin de l’année mais sa présence pesait lourdement sur mes épaules.
En fait, elle allait continuer à peser bien longtemps après sa mort.
Pendant bien des années et jusqu’après mon mariage je ressentirai de l’angoisse en rentrant à la maison.
De mon père, j’ai reçu en héritage une solide antipathie pour touts les avatars de l’Autorité.

Ceci dit, j’ai bien aimé le film.
Ma séquence préférée (elles se suivent sur le mode des associations d’idées) est celle où un inventeur parle de lui alors que la caméra suit en gros plan une araignée qui se balade sur sa chemise, sa cravate et son costard.

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Les iris de Hollande sont de retour

Je me souviens, mon entreprise, débordée par le désordre généré par les débuts de notre plate-forme parisienne de livraison ( il a fallu 5 ans pour arriver à un fonctionnement correct), avait loué un depot pour permettre à notre stock de respirer et je m’étais porté volontaire pour aller y travailler.
Derrière le hangar qui avait appartenu à, une entreprise de déménagement se trouvait un grand terrain vague.
Là poussaient, fragments d’un ancien jardin, des iris de hollande, des glaieuls botaniques et des sternbergias ainsi que quelques narcisses.
Evidemment, je n’avais pas laissé passer l’occasion des récupérer quelques exemplaires de chacune de ces plantes.
Les iris de hollande, ceux de la première photo, ont fleuri dans mon nouveau jardin.
Il s’agissait sans doute d’une variété ancienne que je n’ai jamais revue dans aucun catalogue.
Ils ont fleuri, puis, au bout de deux ou trois ans, ils ont disparu.
A mon grand regret.
Et voici que cette année ils réapparaissent dans des endroits différents de ceux où je les avais plantés.
Il reviennent comme un souvenir, mieux même puisqu’ils sont exactement semblables aux iris d’origine.
Alors que les souvenirs sont toujours réaménagés, transformés, reconstruits.
La seconde photo montre des iris que j’avais plantés il y a deux ans, trop tard pour la saison et qui n’avaient pas fleuri.
Je conclurais bien en disant que le jardin est plus fidèle que les amis mais je ne voudrait pas paraître trop amer.

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